The blind watch the cripple dance »
This title engraved on a work by Micha Laury dated 1994, contains the quintessence on which the artist has built his work: imprisonment, incommunicability and, worse still, the nonawareness we have of this state. This alienation projects a dangerous, violent world, riddled with snares, where you need strategies of protection and isolation, surveillance systems, and boundaries.
These works, which often make use of bodies as an element for exploring space, propose extreme, paradoxical and improbable situations designed to give rise to a bedazzlement between our awareness of the world and reality, while illuminating it with a critical dimension.
Since 1967, Micha Laury has been applying one and the same working method: he draws his projects, extreme experiences and strange situations, and makes them in the form of sculptures and installations.
It is based on this essential drawing practice that he offers us a retrospective of 35 years of work: 144 projects selected from his entire career and identically redrawn, carefully titled and dated with the date and title filling an equivalent space on the sheet of paper as the drawing itself clearly signifying the preeminence of time and the idea of its progress .
This progress is duplicated by a 32hour performance video projected in 8 hour instalments on four monitors.
Actually, throughout much of 2001, in his studio, he forced himself to compose on a metal plaque, one after the other, with matches, the title of the 144 drawings. Once, he set fire to it, replacing the words by that blinding quality and light. With each new flare, a trace or memory was left on the metal plaque, gradually turning it into an account of the ideas engraved in the matter.
Each burnt title is an illumination of the artist’s thinking in his itinerary. At the same time, each idea is only enlightening provided its own destruction is involved. So what Micha Laury presents us with is a sacrifice.
The illumination of thought and the freedom it gives rise to come at this price.
Odile Biec
Sylvie Froux
Jean-Claude Guillaumon
Olivier Grasser
L’aveugle regarde l’estropié danser »
Ce titre gravé sur une oeuvre de Micha Laury datée de 1994 contient l’essentiel de ce sur quoi l’artiste a bâti son travail, l’enfermement, l’incommunicabilité, et pire encore, l’absence de conscience que nous avons de cet état. Cette aliénation projette un monde dangereux, violent, semé de pièges, où sont nécessaires des stratégies de protection, d’isolement, des systèmes de surveillance, des limites.
Ces oeuvres où le corps est le support exacerbé de l’exploration de l’espace s’inscrivent dans des situations limites, paradoxales ou improbables, destinées à provoquer une fulgurance entre une conscience du monde et la réalité tout en l’éclairant d’une dimension critique.
Depuis 1967, Micha Laury applique une même méthode de travail : il dessine ses projets, expériences limites et situations singulières, et les réalise sous forme de sculptures et d’installations.
C’est à partir de cette pratique essentielle du dessin qu’il propose une rétrospective de trente-cinq années de travail, 144 projets sélectionnés dans l’ensemble de son parcours et redessinés à l’identique, soigneusement titrés et datés date et titre occupant dans la feuille une place équivalente au dessin lui-même et indiquant ainsi clairement la prééminence du temps et le concept de chaque oeuvre .
Cette déambulation est doublée par une vidéo-performance de 32 heures diffusée par tranches de 8 heures sur quatre moniteurs.
En effet, pendant une grande partie de l’année 2001, dans son atelier, il s’est astreint à recomposer sur une plaque métallique, l’un après l’autre et avec des allumettes, le titre des 144 dessins. Chaque fois, il y a mis le feu, remplaçant les mots par l’éclat et la lumière. A chaque nouvelle calcination, une trace ou mémoire s’est déposée sur la plaque métallique, la transformant peu à peu en témoignage des idées gravées dans la matière.
Chaque titre brûlé est un éclairement de la pensée de l’artiste dans son parcours. En même temps, chaque idée n’est éclairante qu’à la condition de sa propre destruction. Il s’agit donc d’un sacrifice que Micha Laury donne à voir.
L’illumination de la conscience et la liberté qu’elle induit sont à ce prix.
Odile Biec
Sylvie Froux
Jean-Claude Guillaumon
Olivier Grasser