Foreward

Only a few aspects of the work of Micha Laury, who has been living in Paris since 1974, have hitherto been presented in France. The six exhibitions devoted to him in 1994 and 1995 by the institutions associated with us here cannot claim, in the cumulation of their respective individualities, to represent a retrospective of Micha Laury’s work. The concern for a broader time scale from the early works to the latest installations the particular attention paid to the works on paper, the desire to complete works shrouded too long in the planning stage, underlie the wish to see deployed, in broad daylight, the consistent firmness and continuoy of an attitude never slackened, seen against the op parent diversity and the astonishing density of this oeuvre of twenty-seven years. Like a manifesto, a remark by Micha Laury expresses the spirit of a quest, if not an obsession :

« … if art, » he says, « has anything to do with the stuff of dreams, man’s frustration, confronted with the phenomena of presentday society, is a fertile field of mental and physical possibilities ».

Accordingly, an art provided with a manifest critical dimension. Art as experience of the meeting of reality and awareness.
It is no doubt surprising that a work that was quite isolated at its beginnings from the artistic and informational centers of the art world in the Sixties, should fit so neatly into the radically new territory of sculpture which Germano Celant qualifies as « … to offer no more remedies designed to estheticize the objects, but to sensitize or to arouse the public sensibility through actions that engender a new perceptive extension of awareness..; » The space of the sculpture and paper works of Micha Laury, that is to say, the space of his own body and of the objects first fished from everyday life then later fabricated; also absords the history of the century and its violence, of the human sciences, and of its revelations in terms of behavior and psychology, mass as well as individual.
And no doubt this determination of Micha Laury’s critical project is remarkably asserted in a sort of discourse that he constantly proffers to our own individual awareness, in order to act on the exploration of all the facets of alienation, to disclose more starkly the mental constructs associated with confinement, isolation, and incommunicability. The work of Micha Laury is permeated with the idea of dysfunction and of the ten uouseness of our relationship with the world.
Yet does his wanton use of the archetypes of social perversion – the frustration of modern man – qualify his work as politically correct ? The enormity, the madness, of the derangement and of the extremes containes by Micha Laury’s works gainsay any moralizing intention.
The only frustration possible is that of the viewer. The time and the place of his observation. The energy of this error, so simple and physical, paroxysmic, resonates with in us like a white noise, annihilating any solace of a delusive metaphor. The work is troubled, leaving us, as it were, outside ourselves.

Etched in a sheet of lead, these words:
The deaf listen to the dumb
The blind watch the cripple dance.

Ami Barak
Marie_Thérèse Champesne
Jean-Louis Connan
Annette Haudiquet
Maithe Vallès-Bled
Sylvie Zavatta Fauche

Introduction

Seuls quelques aspects de l’oeuvre de Micha Laury, qui vit à Paris depuis 1974, avaient été présentés en France à ce jour. Les six expositions qui lui sont consacrées en 1994 et 1995 par les institutions ici associées ne prétendent pas, dans l’addition de leurs unicités respectives, constituer une rétrospective du travail de Micha Laury. Tout au moins le souci d’une chronologie la plus large des premières oeuvres aux installations les plus récentes, l’attention particulière portée à l’oeuvre sur papier, la volonté de réalisation d’oeuvres demeurées trop longtemps à l’état de projets, marquent le souhait que soient enfin appréhendées la fermeté et la continuité d’une pensée singulièrement jamais relâchée, en regard de la diversité apparente et de l’étonnante densité de ce travail de vingt-sept années.

Une phrase de Micha Laury exprime comme un manifeste l’esprit d’une quête sinon d’une obsession:

« … Si l’art, » dit-il, « a quelques chose à voir avec la substance de l’imaginaire, la frustration de l’homme face aux phénomènes de la société actuelle est un champ de possibilités mentales et physiques à exploiter … ».

Un art pourvu d’une dimension critique revendiquée donc l’art comme expérience de rencontre entre réalité et conscience.

Sans doute faut-il s’étonner qu’une oeuvre très isolée à ses débuts des centres artistiques et d’information du monde de l’art à la fin des années soixante, s’inscrive alors à ce point dans ce territoire radicalement nouveau de la sculpture que Germano Celant qualifiait ainsi: « …ne plus offrir de remèdes, de manière que les objets apparaissent esthétiques, mais sensibiliser ou rendre vive la sensibilité du public à travers des actions qui conduisent à une nouvelle extension perceptrice de la conscience… ». L’espace de la sculpture et des oeuvres sur papier de Micha Laury, c’est-à-dire l’espace de son propre corps et des objets d’abord prélevés dans la vie quotidienne puis plus tard fabriqués, absorbe aussi e champs de l’histoire du siècle et de ses violences, des sciences humaines, et de ses apports en matière de comportement et de psychologie de masse ou individuelle.

Sans doute encore cette détermination du projet critique de Micha Laury s’affirme ostensiblement dans cette sorte d’adresse qu’elle semble constamment projeter à l’égard de nos propres consciences individuelles afin d’agir sur l’exploration de toutes les facettes de l’aliénation, de mieux révéler les structures mentales liées à l’enfermement, à l’isolement, à l’incommunicabilité. L’oeuvre de Micha Laury est traversée par l’idée du dysfonctionnement et de l’inaccompli de notre relation au monde.

S’emparer ainsi de ces archétypes du grincement social la frustration de l’homme moderne permettrait donc de considérer qu’il s’agit d’une oeuvre politiquement correcte? L’énormité, la folie, du dérèglement et des expériences limites que contiennent les oeuvres de Micha Laury vont à l’opposé d’un souci de donneur de leçons.

La seule frustration qui soit est celle du spectateur. Le temps et le lieu du regard. L’énergie de cette erreur si simple et physique, paroxystique, résonne en nous comme une voix blanche, annihilant tout confort d’une métaphore illusionniste. L’oeuvre s’éprouve, nous laissant comme en dehors de nous même.

Dans une feuille de plomb, ces quelques mots gravés:
Le sourd écoute le muet
L’aveugle regarde l’estropié danser.

Ami Barak
Marie_Thérèse Champesne
Jean-Louis Connan
Annette Haudiquet
Maithe Vallès-Bled
Sylvie Zavatta Fauche